"Plus qu'une photo, un nouveau regard sur soi"

Photographe & Photo-thérapeute
Lucie Denéchaud
« À force de te regarder dans le miroir, il va finir par se déformer ! ».
Cette parole a marqué mon enfance. Elle raconte l’histoire d’une femme qui, dès son plus jeune âge, cherchait à se connaître et à se comprendre en s’observant. Elle évoque aussi une croyance profondément ancrée : se regarder, porter son attention sur soi, serait dangereux. Car oui, se confronter à soi-même, c’est prendre le risque de se choisir, d’apprendre à s’aimer mieux, et cette liberté-là ne plaît pas à tout le monde... particulièrement lorsqu’on est une femme et que notre « place sociale » est de prendre soin des autres.

A la femme consciente et libre...
De mes 14 à 24 ans, je partage ma vie entre la France et la Chine. Dans ces deux mondes, diamétralement opposés, je commence à explorer la question de la perception de soi. Chaque culture a ses propres codes, son histoire, ses croyances… Le regard de l’autre n’a rien d’objectif.
En Chine, je découvre une médecine fondée sur le maintien de l’équilibre de la personne plutôt que sur le soin des symptômes. Mon regard sur le monde s’élargit, s’ouvre à d’autres perspectives.
Je n’écoute plus les autres. Je choisis, contre l’avis général, d’embrasser une carrière de journaliste reporter d’images à France Télévisions. Pendant 15 ans, cette profession m’apprend la photo et la vidéo, mais surtout à donner du sens à une image. Témoigner, raconter, porter la parole d’hommes et de femmes issus de divers territoires me fascine. Confronter les idées, les opinions, enquêter, chercher le vrai derrière les masques… Ce métier m’enseigne autant sur le monde qui m’entoure que sur moi-même.
Je quitte Paris pour m’installer à Saint-Étienne. Sur ce territoire ligérien, je trouve un accueil chaleureux, une bienveillance et des paysages qui résonnent en moi. Je suis pourtant bien loin de mes origines angevines, mais je crois que j’ai toujours été à ma place en terres inconnues.
La caméra et l’appareil photo, compagnons de mes reportages, sont à la fois objets de fascination et de crainte.
Je sens qu’il est temps pour moi d’aller plus loin et d’explorer cette facette de l’image : celle qui trouble, confronte et vient chercher au plus profond de nous-mêmes.
Je me forme alors à la photo-thérapie auprès de la photographe et thérapeute Élodie Sueur-Monsenert.
Blessures d’estime, psychopathologie du corps, confiance en soi, masques sociaux… Le travail de l’image de soi mêle psychologie, sciences sociales, photographie et développement personnel.
Pendant deux ans, je me plonge dans ces sujets tout en étant à mon tour accompagnée. Car, oui, j’ai aussi mon lot de blessures à panser.
En 2020, je me sens prête à transmettre, à mon tour, chaque outil que j’ai expérimenté et qui m’a transformée. Je m’entoure de professionnels de la santé et continue d’apprendre pour solidifier ma pratique.
En 2022, je fais le grand saut. Un saut vertigineux ! Je dis adieu au journalisme pour me consacrer à 100 % à cette nouvelle vie entrepreneuriale, dédiée à l’accompagnement par l’image.
En plus d’accompagner les femmes dans leur reconquête d’elles-mêmes et de leur corps, j’accueille rapidement des entrepreneur(e)s. L’image est un enjeu central dans le monde de l’entreprise. Celles et ceux qui choisissent de ne plus la subir mais d’en faire une force, viennent me voir pour se réconcilier avec elle, mieux se connaître et, surtout, rester vrais et authentiques.
En parallèle, je participe à des colloques et mène des conférences pour faire connaître la photo-thérapie. J’explore cet outil auprès de divers publics, notamment lors de l’exposition photo du "Festival des Cannes" de Saint-Chamond, mais aussi auprès de victimes de violences conjugales.
Ma pratique s’aligne avec qui je suis, aujourd'hui, et avec mes valeurs. En devenant consciente et libre d’être pleinement moi-même, je me suis offert un cadeau immense : celui d’aider sans me sacrifier, de guider sans gouverner et de vivre la vie que j’ai choisie, avec un métier qui me nourrit chaque jour.

Lucie
Enfant timide et sérieuse…
« Bonne élève mais trop discrète ! » Voilà comment les autres me percevaient tout au long de mon enfance. Une fille gentille, sage, studieuse, mais tellement réservée, presque coincée.
Pour mes proches, en revanche, j’étais tout l’inverse : une enfant qui débordait. Trop émotive, trop curieuse, trop sensible, trop impulsive, trop en colère…
Je ressentais tout, avec une intensité violente : mes propres émotions, mais aussi celles des autres.
Je me suis alors construite avec deux visions opposées de mon identité. Et pendant longtemps, j’ai tout fait pour me conformer à ce que l’on attendait de moi.
Jeune fille perdue…
Mon rapport à mon corps était tout aussi complexe. Je n’avais aucun regard propre : tout passait par le prisme de la comparaison.
Douée pour m’adapter et me faire passer en dernier, mes relations aux autres ont longtemps été marquées par la dépendance affective, le besoin de combler un vide et les liens toxiques.





